Quarantaine !(spoiler)

Oui je sais j’ai dit que je te tenais au courant rapidement et ça fait un bail qu’on a pas posté. Il s’est passé plein de choses de votre côté. Hein? Tu viens peut-être ici, depuis ton lieux de confinement, chercher un peu de reconfort en te disant que tu vas pouvoir lire des aventures de gens libres de leurs déplacements… Tu nous as imaginés avec des petites ailes blanches et des étoiles dans les yeux, volant paisiblement au dessus de la place rouge, des magnifiques montagnes de l’Altaï, ou des plaines de sibérie.
Raté.

Tout avait pourtant bien commencé

Nous avons passé la frontière russe comme deux lettres à la poste. On avait pas encore pris la mesure de ce qui allait se passer en France et ailleurs.
On a pu visiter Saint Petersbourg sans encombres. Manger dans des stolovayas, voir quelques tableaux à l’Hermitage, voir le Lac des Cygnes dans un théâtre de renom, arpenter les rues pleines de palais et admirer les églises orthodoxes.

Puis on est partis pour Moscou. De nuit, en train couchette ouverte, avec 30 personnes. Folklorique. On aura au moins pu avoir un petit aperçu de la vie dans un train.
Mais en voyant les nouvelles de France et les mesures de fermeture de frontières un peu partout, on a commencé à se demander si la poursuite de ce voyage était encore responsable, tant pour nous que pour les autres.

En rentrant à l’hôtel lundi soir, on nous a pris la température et on nous a demandé d’appeler une hotline dès le lendemain matin.

Ça se gâte…

Au matin, j’appelle, et je suis illico mis en quarantaine. On me demande de ne plus bouger de l’endroit où je suis et de rester dans ma chambre jusqu’au 27 mars. Je dis que je n’ai pas les infos pour Laura qu’elle n’est pas avec moi pour le moment, qu’on rappellerait pour qu’elle puisse être enregistrée dans le fichier quarantaine à son tour. Elle était partie à l’ambassade, fermée. On explique à la gérante de l’hôtel qu’on doit être en quarantaine. Manque de pot on est dans un hôtel capsule, 2.5m carrés pour deux. Impossible de rester confinés là-dedans. La gérante passe quelques coups de fil à la fameuse hotline. C’était en russe. Mais je crois que personne savait quoi faire. On ne peut plus bouger, mais on ne peut pas être mis en quarantaine. Elle nous conseille d’essayer l’aéroport. On apprendra plus tard que ça aurait pu être une grosse erreur. Heureusement, on a pas fait ce choix.

Les russes ne rigolent pas avec ça…

Un agent de l’ambassade de France à Moscou.

On a trouvé l’appart dans lequel nous sommes actuellement (on pouvait pas espérer mieux pour une quarantaine), et on y est allé fissa. On a réussi à joindre l’ambassade de France qui nous a formellement déconseillé de contrevenir aux instructions des autorités locales, « ils ne rigolent pas avec ça », c’était leurs mots. Après ça on a rappelé la hotline pour inscrire Laura et régulariser ma situation. On s’est pris une petite réprimande par téléphone mais a priori, c’est passé. Normalement on a de quoi survivre jusqu’au 27.

Pas d’inquiétude donc, tout va bien pour nous et tu vois, on est pas dans le même bateau que toi, mais dans celui juste à côté. Et il semble pour le moment que notre voyage pourra difficilement se prolonger ces prochains mois. Mais on en n’est pas là.

On pense à vous tous et on espère que tout le monde va bien, en bonne santé physique et morale.